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MOZART ET SALIERI.
Mozart.
Quoi ! c’est donc bien ?
Salieri.
Quelle profondeur ! quelle hardiesse ! quelle élégance ! Tu es un dieu, Mozart, et tu n’en sais rien ; mais je le sais, moi.
Mozart.
Bah ! en vérité !… C’est possible… mais, en ce moment, ma divinité a faim.
Salieri.
Écoute ; dînons ensemble au Lion d’or.
Mozart.
Volontiers, je ne demande pas mieux. Donne-moi le temps d’aller à la maison avertir ma femme pour qu’elle ne m’attende pas. (Il sort. )
Salieri.
Je t’attends, n’oublie pas.
Non, je ne puis plus résister à ma destinée… je suis choisi pour l’arrêter. Sans cela nous sommes tous perdus, nous les prêtres de la musique, non pas moi seulement avec ma sourde renommée. À quoi peut-il servir que Mozart vive encore, et atteigne des hauteurs