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MOZART ET SALIERI.
Mozart.

Depuis trois semaines. Mais une circonstance étrange… Est-ce que je ne t’en ai rien dit ?

Salieri.

Non.

Mozart.

Écoute. — Un jour, il y a de cela trois semaines, je revins tard à la maison. L’on me dit que quelqu’un, un inconnu, était venu me demander. Je ne saurais te dire pourquoi, mais je pensai toute la nuit qui pouvait-ce être, et que voulait-on de moi ? Le lendemain revint le personnage, qui, de nouveau, ne me trouva point à la maison. Le troisième jour, j’étais à jouer avec mon garçon sur le plancher ; on m’appelle, je sors. Un monsieur tout vêtu de noir me salue poliment, me commande une messe de Requiem, et disparaît. Je me mis aussitôt à l’œuvre, et depuis ce jour mon homme noir n’est pas revenu. Mais je ne m’en plains pas, car j’aurais de la peine à cesser mon travail. D’ailleurs le Requiem est à peu près fini, Pourtant… je…