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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/10

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les Turcs, dans leur langue imagée, nommaient le jardin de Stamboul.

« Heureux pays ! pense-t-il, heureux le peuple que la Providence a fait possesseur de ce riant jardin ! »

« Mais où est-il, ce maître fortuné ? Un fantôme, hâve et débile, surgit de dessous terre ; et l’étranger surpris recule involontairement, partagé entre le mépris et la compassion. Ce n’est qu’à la longue qu’il découvre dans ces traits amaigris la trace d’une grande et illustre origine : le sourire amer qui effleure cette physionomie, le regard douloureux, mais fier, qui s’élève vers le ciel, accusent une longue et injuste souffrance, contre laquelle ce regard et ce sourire semblent protester. »

En effet, cet esclave de la misère et de la faim est le descendant direct du peuple-roi.

Interrogez-le, il vous répondra dans son idiome natal. « Sunt Rôman, je suis Roumain. » — Et cette terre, qui s’étend à nos pieds, comment la nommes-tu ? — Tsara romanesca, la terre roumaine, la Roumanie. » Les noms de Valaque, de Valachie, n’ont point de sens pour lui ; ce sont des dénominations empruntées aux idiomes slaves qui désignent indifféremment par le mot de Vlak ou Vloky les peuples de l’ancienne Rome et les races latines modernes[1].

  1. Vloky a d’ailleurs la même signification que romain en latin, « fort, robuste ». Par le même procédé d’assimilation, les Slaves