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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/40

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d’un jeune homme, avec des tresses d’or, porté sur un char que traînent neuf coursiers ardents[1]. Pan n’a pas cessé de courir dans les forêts à la poursuite des jeunes filles[2]. Vous reconnaissez de même la plupart des dieux de la fable, canonisés, ou féminisés par le christianisme ; sainte Joé (Jupiter), sainte Mercuri (Mercure), sainte Vénus, etc. Si les Naïades ont fui du sol de la Roumanie, la poésie populaire se plaît encore à personnifier, selon le mode antique, les sources renommées soit par la beauté, soit par la vertu de leurs eaux. Ainsi la source minérale de Méhadia, dans le banat de Témesvar, est représentée sous la figure d’une jeune fille, blanche, douce, attrayante cachée dans l’ombre d’un rocher[3].

Une foule d’êtres fantastiques, qui rappellent les dragons et les monstres familiers de la Fable, peuplent les légendes et les ballades. Tels sont les Balauri, doués par l’imagination populaire de proportions telles, que lorsqu’ils ouvrent leur gueule pour avaler leur proie, une de leurs mâchoires touche au ciel, pendant que l’autre s’appuie sur la terre. Les Balauri sont en lutte perpétuelle

  1. Ballade du Soleil et de la Lune, pag. 51.
  2. Ballade du Paon des Forêts, pag. 73.
  3. Voyez la ballade d’Hercule, pag. 9. — Les bains de Méhadia, ou Bains d’Hercule, jouissaient d’une grande réputation parmi les colons de Trajan. M. de Saint-Marc Girardin en parle dans ses Souvenirs de Voyages.