nombre de brebis aux belles cornes, et des chevaux mieux domptés, et des chiens plus vigoureux.
Cependant depuis trois jours, certaine petite brebis, à la laine blonde et soyeuse, ne goûte plus à l’herbe de la prairie et sa voix ne cesse de gémir.
« Gentille brebis, gentille et rondelette, pourquoi, depuis trois jours, gémis-tu de la sorte ? L’herbe de la prairie te déplairait-elle, ou bien serais-tu malade, chère petite brebis ?
— Oh ! mon berger bien-aimé, conduis ton troupeau au fond de ce massif ; il s’y trouve de l’herbe pour nous et pour toi de l’ombre. Maître, cher maître, appelle près de toi, sans tarder, le plus brave et le plus vigoureux de tes chiens ; car le Hongrais et le montagnard ont résolu de te tuer au coucher du soleil.
— Petite brebis de Birsa 3 ! si tu es prophétesse, et s’il est écrit que je dois mourir au sein de ces pâturages, tu diras au Hongrais, ainsi qu’au montagnard, de m’enterrer près d’ici, dans l’enclos du bercail, afin que je sois toujours avec vous, mes chères brebis ; ou bien derrière la bergerie, afin que je puisse toujours entendre la voix de mes chiens.
« Tu leur diras cela ; ensuite tu placeras au chevet de ma tombe une petite flûte de hêtre aux accents d’amour, une petite flûte en os aux sons harmonieux, une petite flûte de sureau aux notes passionnées ; et quand le vent soufflera à travers leurs tuyaux, il en tirera des sons plaintifs, et soudain mes brebis se rassembleront autour de ma tombe et me pleureront avec des larmes de sang.
« Mais garde-toi de leur parler du meurtre… dis-leur seulement que j’ai épousé une belle reine, la fian-