Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/10

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Sans doute leur sang se mêle quelquefois. On n’est pas mis impunément en contact avec tant de races diverses. Cependant le vieux type roumain persiste, et, encore aujourd’hui, jamais homme de bonne foi, rien qu’en vous voyant, ne pourra nier votre descendance romaine.

Tout ce que je vous écris ici, Monsieur, témoigne de mes sympathies pour vous. Elles ont été augmentées le jour où j’ai pu lire les Doïnas. Ces poésies ont éclairci pour moi bien des choses restées obscures. Elles respirent une énergie de race que vous ne devez pas au sang romain. L’élément gracieux qui s’y trouve, vous vient bien de Rome. La violence vous vient d’ailleurs. J’y trouve un accent des races primitives.

Au reste, ce que je vous dis ici, ne doit nullement vous surprendre. Au temps des colonies militaires, bien des éléments étrangers avaient été introduits dans Rome même. Ce que les pédants appellent la décadence, n’est autre chose pour une littérature que l’adjonction de formes, de pensées, de couleurs, qui, jusqu’alors, n’avaient point paru dans la langue des écrivains. Tacite ne parle pas la même langue que Salluste, et le poëte de la Pharsale ne pouvait avoir les mêmes accents que le cygne de Mantoue. Notre langue du XIXe siècle, enrichie par le contact de toutes les littératures