Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/107

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Que découvris-je avec mes yeux ?
J’y découvris un jeune brave,
Robuste comme un chêne dans sa force,
Superbe et fier comme un lion,
Et valeureux comme un Zméou[1].
Son bras gauche était recourbé
Sous un bouclier de fer ciselé,
Et sur lequel on voyait luire,
En relief, une louve d’argent
Qui paraissait toute vivante,
Et deux enfants sous cette louve
Qui semblaient vivants tous deux.
Son bras droit tenait une épée ;
Et ses pieds étaient chaussés de sandales,
Et sur sa tête, avec noblesse,
Il portait un beau casque d’or,
Ainsi que Mars, dieu immortel.
Ce héros était à cheval,
Sur un cheval blanc, immobile,
Et immobile aussi lui-même.
Il fixait des yeux l’Orient.
Ses deux yeux se mouvaient ;
Ils parcouraient comme deux aigles
La ligne de l’horizon gris,
Vaste, désert, mystérieux,
Où, comme à travers un rêve,
On entendait, par intervalles,
Un bruit confus de voix étranges
Qui descendait du Nord.
Et des clameurs longues et sourdes
Qui s’élevaient de l’Orient.
L’herbe des champs était immobile ;
La feuille au bois ne s’agitait pas ;

  1. Être mythologique, dragon ailé.