Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/109

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« Va aux confins de mon empire
« Faire un rempart de ta poitrine,
« Car on entend à l’horizon
« Un bruit sourd de pas ennemis,
« Un grondement de voix barbares ! »
Je suis venu et j’ai vaincu !
J’ai dispersé tous les barbares ;
Et sur le sol de leur pays
Régnant en maître souverain
J’attends les hordes ennemies,
J’attends les fléaux destructeurs,
Qui, du Nord et de l’Orient,
Viennent comme un déluge immense,
Et bientôt auront envahi
Le monde entier sur leur passage.

— Malheur à toi ! pauvre guerrier…
Tu vas périr dans ce désert…

— Moi, périr, moi ! jamais, jamais !
Vienne un monde altéré de sang ;
Vienne une mer de flamme ardente,
Ils ne pourront m’éloigner d’ici :
Ce qui est vert jaunira ;
Les grands torrents dessécheront ;
Et le désert, toujours, sans cesse,
Autour de moi s’élargira ;
Mais moi, debout, toujours debout
À travers les flots enflammés,
À travers les hordes barbares,
À travers les fléaux cruels,
Je lutterai, je combattrai
Sans être atteint par le trépas ;
Car je suis Romain, dans ma puissance,
Et le Romain ne peut périr !