Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/111

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Deviens destinée implacable,
Car le déluge avance, hélas !
Et désormais malheur à toi !

« Qu’il vienne ! »
« Qu’il vienne ! »Ainsi qu’un grand rocher
Qui du haut des monts se détache,
Tonne, roule, tombe et écrase
Les vieilles forêts sur son passage
Jusqu’au fond des vallées,
Tel le guerrier de sang avide
Précipite son coursier blanc
Sur les forêts au loin mouvantes
Des barbares envahisseurs,
Et les attaque et pénètre au milieu d’eux,
Et les fauche comme des gerbes,
Brise leurs rangs et les repousse,
Et les poursuit en vainqueur.
Son beau coursier dans sa fureur,
Ivre de sang, hennit et mord.
Il foule aux pieds des corps mourants,
Brise des fers retentissants,
Et pousse toujours en avant
Dans la mêlée et dans le sang.
Combat cruel ! affreux spectacle !
Le fils de Rome est comme un dieu,
Ses yeux ardents sont pleins de feux,
Des milliers d’éclairs l’environnent
Au choc des armes résonnantes.
Les haches volent dans les airs,
Les cordes vibrent dans les arcs,
Et les flèches en plein soleil
Par milliers sifflent et se croisent.
Les chevaux sautent et hennissent,
La lutte hurle et se resserre,