Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/45

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côté du soleil ? — On aperçoit quatre chevaux. — N’as-tu pas entendu parler d’un certain Mihaïu ?

— Apprête tes armes, capitaine, car le beau Mihaïu est à ta poursuite ; le voici qui vient vers toi comme un dragon ; fais trois fois le signe de la croix pour implorer l’aide du Seigneur Dieu. »

À peine les a-t-il aperçus dans le lointain que le terrible André, s’adressant aux siens, dit :

« Allons, mes braves, chasser les nefers[1] ! après quoi la hora des belles femmes nous attend. »

Il dit, hurle, s’élance. Son cheval léger traverse rapidement, et la plaine, et le ruisseau, et le bois ; il vole suivi de ses brigands.

De son côté, le beau Mihaïu arrive à sa rencontre, fier et terrible comme une colonne de feu ; il accourt sur un cheval blanc, qui semble ne pas avoir assez d’espace devant lui, et qui jette des flammes par ses yeux.

Ils courent tous avec la rapidité du vol de l’hirondelle ; ils courent avec la rapidité de la foudre qui tombe, et ils vont, mes braves, ils vont emportés par leur colère de heyducs[2].

  1. Hommes armés, pour la plupart Albanais, au service des princes phanariotes, et qui étaient chargés de poursuivre les brigands ; espèce de maréchaussée.
  2. Fug cum fuge-o rîndurica
    Fug ca fulgerul ce pica
    Si ce duc voĭniicĭ duc
    Cu urgie de haĭduc.

    Ces quatre vers perdent naturellement dans la traduction non-seulement le mouvement vigoureux qu’il y a dans l’original, mais aussi leur harmonie imitative.

    Gœthe a dit avec raison :

    Wer den Dichter will verstehen
    Muss in Dichter Lande gehen.

    Pour saisir tout ce qu’il y a de beau dans une poésie, il faut la