Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/81

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Voyez le siècle sortir de sa profonde léthargie ; il marche d’un pas fier vers le but depuis si longtemps rêvé. Ah ! réveillez-vous avec le siècle, mes frères de la Roumanie ; debout, levez-vous bravement, l’heure a sonné pour vous aussi.

Le soleil de la liberté a lui aux yeux du monde. Toutes les nations de la terre se dirigent vers cette lumière comme un essaim d’aigles puissants dont les ailes libératrices essaient joyeusement de s’envoler vers le disque de l’astre céleste.

Resterais-tu seul plongé éternellement dans les ténèbres, peuple roumain ? Serais-tu seul indigne de ce siècle réformateur, et ne prendrais-tu point part à la fraternisation des peuples, et au bonheur du monde entier, et à l’avenir de l’humanité ?

Jusqu’à quand laisserez-vous accroire au monde, chers enfants de la Roumanie, que tout désir de liberté s’est éteint en vous à jamais ? Jusqu’à quand nous laisserons-nous dominer par l’aveugle tyrannie et atteler ignominieusement à son char de triomphe ?

Jusqu’à quand notre pays sera-t-il le fief de l’étranger ? N’avons-nous pas assez souffert, n’avons-nous pas eu assez de maîtres ? Levez-vous tous à ma voix, ô mes frères ! et prouvez au monde qu’il existe encore des vrais Roumains dans le pays Roumain.

Debout, fils du même sang ! voici l’heure de la fraternité ! Par de là la Molna et le Milkov, par de là le Pruth et les Carpathes[1], jetez vos bras avec une mâle

  1. Noms des frontières qui séparent les provinces roumaines, telles que Moldavie, Valachie, Transylvanie, Bucovine et Bessarabie.