Nana, assistant aux premières représentations, étudiant les coins et les recoins d’un théâtre, visitant la loge d’une actrice et l’hôtel d’une fille, allant voir courir le grand prix. Pendant ce temps, il observe, interroge, devine, toujours le crayon à la main. Ici, je coupe une nouvelle citation dans l’étude de M. de Amicis, qui continue à faire parler notre auteur :
— « Après deux ou trois mois de cette étude, je me suis rendu maître de ce genre de vie ; je le vois, je le sens, j’y vis en imagination, et je suis sûr de donner à mon roman la couleur et le parfum spécial de ce monde-là. En outre, en vivant quelque temps, comme je l’ai fait, dans cette couche sociale, j’ai connu des personnes qui lui appartiennent, j’ai entendu raconter des faits réels, je sais ce qui s’y passe ordinairement, j’ai appris le langage qui s’y parle, j’ai en tête une quantité de types, de scènes, de fragments de dialogues, d’épisodes, d’événements, qui forment comme un roman confus de mille morceaux détachés et informes. Alors, il me reste à faire ce qui est le plus difficile pour moi : rattacher avec un seul fil, de mon mieux, toutes ces réminiscences et toutes ces impressions éparses. C’est presque toujours un long travail. Mais je m’y mets flegmatiquement, et au lieu d’y employer l’imagination, j’y emploie la logique. Je raisonne avec moi-même, et j’écris mes soliloques, parole par parole, tels qu’ils me viennent, de façon que, lus par un autre, ils paraîtraient étranges. Un tel fait cela. Qu’est-ce