Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/166

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plus, et le matin seulement. J’écris presque sans ratures, parce qu’il y a des mois que je rumine tout ; et, dès que j’ai écrit, je mets les pages de côté et je ne les revois plus qu’imprimées. Je puis calculer infailliblement le jour où j’aurai fini. »

M. de Amicis raconte ensuite que Zola lui a montré tout le dossier de l’Assommoir. Je donne encore cette citation, qui me parait tout à fait intéressante :

« Sur les premières feuilles, il y avait une esquisse des personnages : des données sur la personne, le tempérament, le caractère. J’y trouvai le plan du caractère de Gervaise, de Coupeau, de maman Coupeau, des Lorilleux, des Boche, de Goujet, de madame Lerat ; ils y étaient tous ! On eût dit des notes d’un registre de questure, écrites en langage laconique et très libre, comme celui du roman, et entremêlés de raisonnements brefs, comme : — Né ainsi, élevé de telle façon ; il agira de telle manière. — Dans un endroit, je lus : « Et que pourrait faire d’autre, une canaille de cette espèce ? » — Je me souviens, entre autres, de l’esquisse de Lantier, qui était une liste d’adjectifs, lesquels formaient une gradation croissante d’injures : grossier, sensuel, brutal, égoïste, polisson. Dans quelques endroits on lisait : se servir d’un tel (personne connue de l’auteur). Tout cela écrit avec ordre, d’une écriture grosse et claire. — Puis, les croquis des lieux me passèrent sous les yeux, croquis faits à la plume, exactement, comme