Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/18

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pieds en Provence qu’en vainqueur, il emmenait encore sa famille. Cette lutte suprême dura dix-huit mois. Par conséquent, Émile habita pour la seconde fois Paris, de cinq ans à six ans et demi.

Enfin, dans les derniers mois de 1846, la famille put revenir à Aix. L’ingénieur, protégé par M. Thiers, avait obtenu « l’ordonnance royale. » Après dix ans d’efforts et de persévérance, il allait pouvoir exécuter l’œuvre projetée depuis si longtemps. Il n’a que cinquante-un ans, et se sent encore plein de vie et de force. De longues années ne lui restent-elles pas pour exécuter l’œuvre et jouir de la fortune laborieusement acquise, de la popularité prochaine de son nom dans la contrée ? Et puis, ce fils qui grandit déjà en santé, en vigueur, on intelligence, ne se trouve-t-il pas là pour hériter plus tard de tout cela ? Aussi, avec quelle jouissance profonde, le jour de l’inauguration des travaux du canal, le père, la main de l’enfant dans la sienne, voit-il donner le premier coup de pioche des terrassiers ! Eh bien, trois mois après, il était mort ! d’une pleurésie prise en surveillant ses ouvriers, par un matin de mistral, dont le souffle glacé s’engouffrait dans le vallon du barrage. Et quelle mort ! Pas même, chez lui, à Aix, dans son lit, mais à Marseille, dans une chambre d’hôtel. Mal à son aise, toussant déjà, et obligé d’aller passer quarante-huit heures à Marseille pour affaires, il était descendu comme d’habitude à l’hôtel Moulet, rue de l’Arbre, aujourd’hui démolie. La