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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/198

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paraît-il, était très plein de l’idée de le décorer, car il en parlait à tous venants. Il ne se trouvait pas en présence d’un reporter, sans lui dire : — « Je vais décorer Zola., qu’en pensez-vous ? » Si bien que tout, Paris sut bientôt que le ministre allait avoir le courage extraordinaire de décorer l’auteur de l’Assommoir. Et celui-ci, inquiet de ce bruit qui se faisait autour d’une chose dont on n’aime pas à parler soi-même, disait en souriant : — « S’il le fait, il n’y a encore que demi-mal. Mais s’il ne le fait pas, me voilà parfaitement ridicule. »

Cependant, juillet arriva. Et M. Bardoux, qui avait sans doute distribué beaucoup d’autres promesses, ne décora pas le romancier. On raconte qu’au dernier moment, le directeur d’un journal grave, dit au ministre : — « Décorez X… Il est vieux, et n’a plus de talent ; tandis que Zola a le temps d’attendre. » — Gustave Flaubert, furibond, avait écrit à M. Bardoux : « Tu es un… pas grand chose ! » — Daudet, désolé, était allé trouver son ami pour lui dire combien il regrettait de l’avoir engagé involontairement dans cette sotte affaire.

Tout aurait donc été pour le mieux, si l’excellent M. Bardoux n’avait recommencé à dire plus fort que jamais « qu’il voulait décorer Zola ! » Et ses conversations avec les reporters continuaient de plus belle.

Ce fut alors que Zola commença réellement à se fâcher. A cause de Flaubert et de Daudet, il n’osait