Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/206

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La volonté d’abord, ce « tout de l’homme, » d’après certains philosophes ? Zola est-il doué d’une dose héroïque de volonté ? Pour des esprits superficiels, la question semblerait oiseuse, en présence des résultats qu’il a obtenus par vingt ans d’efforts. Eh bien ! je dois dire que j’ai remarqué maintes fois son grand étonnement, lorsqu’on lui parle de sa volonté. Au fond, dans la vie ordinaire, il se sent très faible, et il cède presque toujours, sans doute par amour de la paix. Toute sa volonté littéraire, explique-t-il souvent, a été au début la nécessité de faire vivre les siens, nécessite combinée, il est vrai, avec une grande émulation.

Par exemple, autant il se montre doux et conciliant dans la vie, autant dans les choses de l’esprit il a toujours été ambitieux et dominateur. Au collège et dans la littérature, un besoin natif d’être premier ! Discute-t-il avec quelqu’un dans l’ordre purement spéculatif, il se rendra difficilement, et pas sur le moment encore. Il lui sera très pénible de ne pas avoir raison. L’émulation reste chez lui si enracinée, qu’elle se manifeste même dans les circonstances les plus insignifiantes. Ainsi, il m’est arrivé de jouer avec lui aux échecs et de le battre. Il avoue que, sur le moment, cela l’ennuie autant que si on lui refusait tout talent littéraire.

Lorsqu’on est ainsi bâti et qu’on se passionne pour si peu, jugez de quel ressort on doit être doué, en présence des choses sérieuses. Chez lui, c’est donc