Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cheveu blanc ! Tant que son gendre avait vécu, elle était restée un peu dépaysée, dans cet intérieur confortable, luxueux même, au milieu des habitudes de vie large où se complaisait l’ingénieur vénitien. Mais, lorsqu’on fut obligé de se passer de domestiques de tout faire par soi-même dans le ménage, elle retroussa ses manches et trima comme quatre, nullement attristée par ce revers de fortune, plutôt rajeunie et ragaillardie. Les mauvais jours la trouvent debout. Après des procès coûteux, mal engagés par la veuve de François Zola, désastreusement perdus, les économies s’en vont, le petit avoir des grands parents y passe. La ruine est là, lente, mais certaine. Et alors, quand il fallut tirer quelques ressources des derniers débris du luxe d’autrefois, ce fut la maman Aubert, hardie, retorse, qui alla traiter avec les brocanteurs.

Ainsi, l’absence du père se faisait cruellement sentir. L’activité courageuse de la mère et de la grand’mère n’avait d’efficacité que dans le cercle restreint du ménage et de l’économie domestique. Les procès allaient mal. La fortune de la famille s’épuisait. Que faisait, pendant ce temps-là, l’enfant qui devait la relever un jour ?

On le gâtait, il était heureux. Il poussait inconscient et en toute liberté. La mère et la grand’mère s’ingéniaient à lui causer des joies, de ces bonnes joies enfantines, où l’être encore neuf se précipite tout entier et sans arrière-pensée. Tandis que les deux femmes