Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/232

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gens, fortement remués, qui, dans leur petite ville, doivent rêver de Paris et de littérature ; le bout d’un manuscrit qu’ils n’osent envoyer, sort de leurs phrases respectueuses. Voici de jeunes femmes rêveuses, sentimentales, qui ne se doutent pas que leurs effusions plisseront sous les yeux de madame Émile Zola, Voici des prêtres, connaissant le monde, accoutumés par la confession à pénétrer au fond du cœur humain, et venant en grand secret se confesser eux-mêmes au romancier, qu’ils traitent comme une sorte de frère en sacerdoce. Voici des professeurs de l’Université, qui lui donnent des bons points, qui lui cherchent aussi des querelles de pédant. Il y a même des illettrés qui divaguent, des originaux qui font de l’esprit, des sots qui l’injurient. Les lettres de fous et de folles ne sont pas rares non plus. Mais, ce qui se dégage malgré tout de l’ensemble de cette correspondance universelle, diverse comme la foule, c’est une sympathie désintéressée et, aussi, l’indignation parfois éloquente de gens, qui, ayant lu ses livres sans prévention, sont outrés des injustices et de la légèreté de la critique contemporaine.

Rien n’est éternel après tout, pas même les légendes. Ce qu’il est possible de faire pour étouffer un écrivain, une certaine critique l’a fait à l’égard de Zola. Heureusement, le public, gagné par les œuvres, s’aperçoit peu à peu des calomnies, flaire l’injustice. Il n’y a plus qu’à s’en remettre à lui. Le