Oh ! nous nous aimerons toujours.
— Je le souhaite.
— Moi, j’en suis sûr.
— Tant mieux ! Jeune cœur, jeune tête,
Dit Marco, le réel n’a point passé par là.
S’aimer toujours !
— Eh ! oui, mon cher, cela sera.
N’est-il pas vrai que Dieu nous fait présent d’une âme
Pour aimer ? S’il n’en peut donner une à la femme,
C’est injuste et cruel ; et je l’insulterai,
Le jour où, dans les bras d’un autre, je verrai
Rosita. L’on viendrait me dire en confidence
Que tu vas me trahir, toi, mon ami d’enfance,
J’en rirais volontiers.
— Et tu ferais fort bien.
— Elle ou toi me tromper ! mais je n’en croirais rien !
Dix heures !… Je te quitte.
— Au moins vide ton verre.
— Surtout n’en parle point aux amis. À bientôt.
Je cours.
— Eh ! Rodolpho, mon brave, un dernier mot.
Elle reste ?
— Aux Chartreux, en face du Calvaire.
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