Aller au contenu

Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles sont toutes là, nombreuses et pressées,
Dans le coin le plus noir du vaste monument,
En extase et laissant échapper par moment,
Un cantique d’amour sous les voûtes glacées.
Et l’on dirait alors, aux échos des piliers,
Ouïr sur leurs tombeaux les anciens chevaliers,
Les dames, les varlets, secouant leur poussière,
Dans leurs versets mourants répondre aux saints de pierre.
Se retournant parfois, ses grands yeux effarés,
Une vierge se penche, écoute ces murmures,
Ce chant confus qui sort des chapelles obscures,
Ces roulements lointains dans les parvis sacrés,
Et cherche à distinguer si ces clameurs étranges
Sont les cris des démons ou les lyres des anges.
Mais la faible lueur qui tombe du flambeau
N’éclaire que l’autel. Aux colonnes gothiques,
Elle jette soudain des reflets fantastiques,
Dans l’ombre fait blanchir le marbre d’un tombeau,
Et, venant à jouer sous les sombres portiques,
Semble les agiter comme un mouvant rideau.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


II


Dis-moi, que fais-tu là, t’éloignant des flambeaux,
Forme noire, immobile, appuyée à ces grilles ?