Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/292

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Longtemps, il demeura sur cette dure pierre,
Plongeant ses doigts fiévreux dans le froid du gazon ;
Longtemps, le même rêve à sa longue paupière
Mit une douce larme, une larme de mère
Aux premiers pas tremblants que fait son nourrisson.
Quel était donc ce rêve ? et pourquoi ce sourire ?
On ne sait. Il resta des heures sans rien dire.
Puis, il saisit le seuil de ses bras convulsifs,
Et baisa la poussière où les pas de Marie
S’étaient la veille empreints, tout petits et craintifs.

D’une pointe de fer, sur la dalle noircie,
Paolo se mit ensuite à graver quelques mots.
Il travailla longtemps, jusqu’aux clartés naissantes,
Au fond de ce désert, où des brises errantes
Dans l’ombre soupiraient leurs amoureux sanglots.
Et, lorsqu’il se leva, qu’aux rayons de la lune
Il vit les mots blanchir sur cette marche brune ;
Lorsqu’il put épeler, d’un ton tremblant et doux,
Au seuil du vieux logis ce qu’il venait d’écrire,
Il entendit l’écho lentement le redire.

— Je t’aime ! — Et, sur le seuil, il fléchit les genoux.
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Oh ! Seigneur, Dieu puissant, créateur de ces mondes
Qu’enflamma ton haleine, éclatantes lueurs ;