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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/32

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rent que plus tard, en quatrième, surtout en troisième et en seconde, au moment où il commença à lire les poètes.

Plus jeune que lui de sept ans, je ne l’ai pas connu à cette époque. Mais que de fois, à Paris, depuis dix années, ne l’ai-je pas entendu revenir sur ce sujet de prédilection : sa jeunesse ! Aussi, mes documents — je serais tenté de dire : rues souvenirs — abondent.

J’ai déjà expliqué ce que fut sa libre enfance. Je l’ai montré choyé, gâté par deux excellentes femmes, bonnes jusqu’à la faiblesse, élevé avec la liberté du Nord, pris au sérieux et ayant voix délibérative comme un homme, enfin la bride sur le cou pour les lectures, les amitiés, les parties de plaisir. En avançant en âge, naturellement, cette liberté précoce ne fit, que croître. Voici comment il en profita.

Au collège, il s’était fait deux grands amis. Peu liant, pas tutoyeur, myope, timide, naturellement très doux, déjà réfléchi avec un grand fond de sérieux dans le caractère, le « nouveau » ne sympathisait pas avec la tourbe de gamins braillards, qui compose le fond des petites classes des collèges méridionaux. En outre, cette engeance brutale trouvait de l’accent à ce camarade bien élevé, né à Paris. On le traitait de « parisien, » de « franciot ! » Même, dans la première enfance, il avait eu presque un défaut de langue, moins un bégaiement caractérisé, que de la paresse à prononcer certaines consonnes, le c et