La caravane humaine en sa marche, sans doute,
Hors des sentiers tracés dut égarer sa route,
Et, folle, rencontrer des bourbiers sous ses pas,
Au lieu des verts gazons que tu lui destinas.
Non, non, je ne dois point sur la face pâlie
De ces êtres déchus chercher ton effigie.
Il faut sonder ailleurs tes éternels secrets.
À ton portrait, Seigneur, nous ne sommes plus faits.
Et vous, soleils de flamme, étoiles radieuses,
Cieux d’azur, de parfums, de chansons amoureuses,
Image de grandeur, de paix, de liberté,
Répondez ! pourquoi l’homme et la divinité ?
Oh ! tournez les feuillets du livre de l’espace,
Faites-moi déchiffrer chaque étoile qui passe,
Abaissez l’infini devant mon œil mortel,
Et sur son trône d’or montrez-moi l’Éternel.
Montrez-moi l’Éternel, le front ceint de sa gloire,
Afin de rappeler le monde à sa mémoire,
Et, du fond de l’abîme, afin de lui crier :
« Tes enfants ont usé leurs lèvres à prier,
« Ô Seigneur ! Si tu veux qu’ils se courbent encore,
« Fais luire les clartés de l’éternelle aurore,
« D’un rayon de tes yeux éclaire leur réveil,
« Et, dans ton firmament, au centre du soleil,
« Montre-toi, resplendis, tourne autour de la terre,
« Après l’ombre ici-bas ramène la lumière ! »
Ô ciel bleu, serais-tu mon principe et ma fin ?
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