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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/65

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Amédée Achard, Prévost Paradol, d’autres encore, en leur qualité d’auteurs de la maison, eurent souvent des rapports avec le jeune employé. J’ignore si, à quelque phrase ardente du jeune homme, un de ces écrivains pressentît la renommée future d’Émile Zola. Non seulement avec les auteurs célèbres, mais avec les nouveaux venus, les débutants apportant un manuscrit, il se tint sur la réserve, et ne contracta aucune nouvelle amitié. Peu liant, il en resta à ses vieux amis du Midi : Paul Cézanne venait de prendre un atelier à Paris ; Baille, élève à l’École polytechnique, sortait deux fois par semaine. Les « trois inséparables » réalisaient donc leur vieux rêve, caressé sous les platanes de la cour carrée du collège, et dans les grandes promenades, au milieu des collines pelées : à trois, sans se quitter, en se soutenant mutuellement, conquérir Paris. Maintenant, c’était dans Paris même et aux environs, qu’ils faisaient de longues promenades, le dimanche. Et, il n’y avait pas à dire : la grande conquête était commencée ! Paul, le plus fortuné des trois, mais le plus frissonnant et le plus tourmenté, les initiait à ses rêves de peintre. Baille, le plus maître de lui, le plus froid, tourné vers la science pure, ambitionnait une haute situation scientifique. Tenant à la fois de l’un et de l’autre, leur servant de trait d’union, plus complet et plus dans la vie, Zola était déjà un centre. C’est à cette époque qu’il commença à recevoir