Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/93

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se remboursait de ses trois mille francs sur l’argent rapporté par le feuilleton, et, si cet argent ne suffisait pas, retenait l’appoint nécessaire sur les droits d’auteur de chaque volume ; puis, naturellement, les trois mille francs payés, Zola touchait le surplus, et sur le feuilleton, et sur le volume.

Cet ingénieux traité ne fut d’ailleurs jamais strictement exécuté. Le romancier, en mai 1869, commença avec ardeur la Fortune des Rougon, et fut bientôt en mesure d’en livrer les premiers chapitres au journal le Siècle. Mais de mauvaises volontés se produisirent, et la publication, après beaucoup de difficultés, commença seulement en juin 1870. La guerre, arrivant sur ces entrefaites, interrompit la publication, ce qui retarda l’apparition du volume jusqu’à l’hiver 1871. Aussi le second volume de la série, la Curée, ne parut-il chez M. Lacroix qu’en octobre 1872, c’est-à-dire au bout de trois ans. Donc, par suite de circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur, la clause des « deux volumes par an » recevait un véritable croc-en-jambe.

Sous le rapport de l’argent, ce fut une bien autre affaire. Il touchait cinq cents francs chaque mois, ai-je dit. Seulement, d’après les termes du traité, il signait un billet de cette somme à échéance de trois mois, et qui devait être renouvelé jusqu’à la livraison régulière des romans. Il se produisit alors deux faits : d’abord, comme je l’ai expliqué, les deux premiers romans éprouvèrent des retards, l’éditeur