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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

au fait, appela les choses par leur nom, sans périphrases, ne mit pas plus de dix minutes à ramoner grosso modo cette conscience enduite de trente ans d’adultère. Madame Fraque sortit du confessionnal avec une nausée de petite maîtresse. C’était bon pour une fois, ce rustre, ce directeur de vieilles pauvresses, qui ne sentait pas l’eau de Cologne ! Mais son amie, la baronne de Latour, qui s’y connaissait, lui indiquerait un confesseur convenable… Elle avait consulté la baronne, et le petit abbé de la Môle était devenu le confesseur ordinaire de madame Fraque.

Celui-là sentait bon, étant toujours rasé de frais, frisé, pommadé. La poudre de riz dont il avait l’habitude, après s’être lavé, de s’estomper la joue, était toujours mal enlevée. Tirait-il son mouchoir, un parfum de lavande l’entourait d’un nuage odorant. Il était Breton, disait descendre d’une vieille famille, n’avait que vingt-huit ans. Quelques mois auparavant, de hautes recommandations avaient fait venir le jeune prêtre dans le diocèse, en qualité de secrétaire de l’évêque. Mais M. de la Môle, n’ayant pas plu à Monseigneur, était tombé dans une demi-disgrâce. On lui avait offert une cure de village. Voulant à tout prix rester à Noirfond, il disait sa messe et confessait, à Saint-Jean, la paroisse aristocratique, simple prêtre libre.

Madame Fraque fut tout de suite enchantée du jeune directeur. Les prêtres auraient tous été des « père Pamphile », qu’elle eût renoncé probablement