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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

l’œuvre des crèches. Une fois chaque carême, pour le concert, madame Fraque plaçait quelques billets. Puis, au théâtre, le soir de la représentation, madame Fraque, en grandissime toilette, au bras de quelque substitut du procureur du roi portant la rosette de commissaire, précédée de la première présidente, suivie de madame de la Tour et de la mairesse, traversait, pendant l’entr’acte, les chaises numérotées. Et ces quatre dames du monde arrivaient avec de grands frou-frou dans l’étroit foyer des artistes, pour féliciter, au nom de la charité, les chanteuses, sous le lorgnon des commissaires — tout un escadron en gants beurre frais — qui s’écrasaient à la porte et riaient en dessous. Maintenant, cette même madame Fraque se sentait prête à bien d’autres zèles, à des charités modestes, à des œuvres autrement méritoires, qui resteraient entre elle, son confesseur et Dieu.

Elle trouvait même trop doux, trop facile, ce premier traitement religieux que son prudent directeur ne lui administrait qu’à petites doses. Que lui coûtait-il de donner quelque quarante francs par semaine, à elle qui n’avait jamais su la valeur de l’argent ! Ses dernières dettes de mondaine dépensière étaient payées, elle ne gaspillait plus rien pour la toilette, et touchait encore régulièrement les dix mille francs de rente de sa dot. Elle réalisait donc maintenant des économies, tout en faisant son salut. La religion était loin de lui revenir aussi cher que la mode. Elle eût