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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

— Ka ! kara ! ka !… ka ! kara ! ka !

Perçant, rauque, crevant le silence de la nuit, et, là encore, tout près, dans la rue, tout contre les fenêtres du café, on eût dit le « ka ! kara ! ka ! » d’un vrai coq. Ni les joueurs, ni le cafetier, ne sourcillèrent, en gens qui n’éprouvaient aucune surprise. Et, aussitôt, de formidables éclats de rire retentirent. Toute une bande, sur le trottoir, arrivait, piétinait. Une vingtaine de braillards entonnaient un chœur burlesque. D’autres imitaient de nouveau le chant du coq, puis, le miaulement du chat, le cri du chacal, toute sorte de hurlements. De grands coups de poing et de grands coups de pieds ébranlèrent les volets du « Divan » hermétiquement fermés. Le cafetier, qui tournait le dos aux fenêtres, ne se retourna même pas.

— Tiens ! fit seulement Mauve, de Toulon, en battant les cartes ; déjà les Coqs !

Et le Polaque, de son côté :

— Les Coqs !… mais ce ne sont pas des nôtres : ils demanderaient à entrer…

— La bande avait dépassé le « Divan », et tourné le coin de la rue. On les entendait encore chanter du côté des « Momies », à tue-tête. Ils devaient être maintenant en face, sur le Mail, mais du côté du nord, devant le rival des Quatre-Billards : le café Durand, dont ils attaquaient les portes à coups de canne et à coups de pierre. « Coqs !… Coqs !… Coqs !… », s’appelaient-ils les uns les autres. À ce cri