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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

est en train de rêver amoureusement, ce n’est d’aucun de nous, Coqs mes amis, mais de quelque oison du pays, artisan ou calicot, moins conquérant d’allures, plus humble de crête, mais discret et épouseur…

Et, vidant là-dessus un autre bock, d’un seul trait, le Coq Mauve, de Toulon, caqueta longtemps encore. Ils n’étaient pas discrets, eux. Leur réputation était mauvaise. Franchement, lui qui leur parlait, sans être moins entreprenant qu’un autre, il ne comptait que des insuccès. Plus d’une lui avait avoué que la cause de sa vertu, c’était la certitude que, le lendemain, tout le Durand et les Quatre-Billards sauraient la chose, et la montreraient au doigt… Et tous pourraient en dire autant… Seraient-ils encore au Divan, à deux heures du matin, à brûler le gaz de M. Brun, s’ils avaient la moindre maîtresse… Mèneraient-ils l’abrutissante vie de café, les cartes à la main, du matin au soir… Et lui, tout le premier, Mauve, de Toulon, aurait-il attrapé une « culotte » de deux cent dix-sept francs, au grand déplaisir de M. Brun ?

— Oui, monsieur Brun ! s’adressa-t-il à brûle-pourpoint au cafetier, marquez-moi mes deux cent dix-sept francs : je n’ai que quarante sous en poche.

Ce fut un moment de confusion et de tumulte. Le cafetier se fâchait tout rouge. Les Coqs hurlaient de joie, se tordaient de rire. Mauve, de Toulon, triomphait. Puis, un peu d’argent comptant apaisa le père