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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

autre jour cet acte de condescendance, reprenaient paisiblement le chemin du Durand et des Quatre-Billards. Négatif ou positif, d’ailleurs, ce geste était la seule relation de camaraderie qui existât de Coq à bûcheur.

Ce jour-là, le professeur de droit romain n’ayant pas jugé à propos de faire l’appel, en une minute, la place de la Faculté redevint déserte. Mais, vers le milieu du cours, pendant une docte interprétation d’un texte obscur de Papinien, quelle ne fut pas la stupéfaction des bûcheurs inclinés sur leur cahier de notes, et du maître dans sa chaire, et de l’appariteur lui-même, quand Courcier et Jéror, les deux trésoriers du bal, entrèrent dans la salle sur la pointe du pied. Graves, dignes, pénétrés de l’importance de leur mission, vêtus avec une certaine recherche sévère comme pour un jour d’examen, les deux Coqs, qui venaient de prendre le vermouth chez le Père Jacob, un petit débit de liqueurs tout à côté de l’École de droit, s’assirent modestement près de la porte. À la vérité, sans lâcher son stick-cravache, Courcier se mit à confectionner une cigarette avec lenteur et recueillement ; mais il avait dissimulé sous son pantalon ces éternelles bottes molles, que la ville entière était accoutumée à lui voir, partout et toujours, et qui, sur le Mail, à la musique, l’eussent fait prendre par un étranger pour quelque écuyer du cirque. Jéror, lui, en entrant, avait tiré un livre de sa poche pour y fourrer à la place le fameux béret rouge, qu’il portait