Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

Quatre-Billards, tâchant de deviner quelque chose à travers les petits rideaux des vitrages.

— Tiens ! en voilà une qui joue au billard, maintenant !

En face, le patron du Durand sortait à chaque instant, tête nue, faisait quelque pas ; puis, planté au beau milieu de l’allée du Midi, montrant le poing au café du père Brun :

— À une autre année, va !…

Et il rentrait en maugréant contre les officiers, ses pensionnaires, qui n’arrivaient plus. Tant pis, ces messieurs mangeraient le rôti comme il serait, réduit en semelle de botte ! Il ne retrouva un peu de calme qu’à la vue du lieutenant Ladoucette, qui arrivait donnant le bras à Georgette. Laure la suivait, au bras du chef de musique. Boulotte, elle, l’énorme Boulotte, eut l’honneur de dîner à la table des capitaines. Les autres se répandirent un peu partout, dans les diverses pensions où mangeaient les étudiants. Et, à la même heure, tandis que çà et là des bouteilles de supplément se débouchaient en leur honneur, certains dîners bourgeois, en ville, au contraire, étaient tristes, écourtés. Des maris n’avaient plus faim au dessert, portaient les mains à leur front, éprouvaient le besoin subit d’aller prendre l’air ; des fils s’éclipsaient, oubliant de plier leur serviette.

— Le voilà filé !… prend-il la maison pour une auberge ? soupirait la mère.

Ou bien, certaines femmes à leurs maris :