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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

externes du collège se rendant en classe, leur cartable sous le bras, elles reçurent des petits cailloux et des poignées de sable. Puis, la bossue, qui avait encore six sous, acheta des oranges à une marchande ambulante. Et elles étaient en train de peler chacune la leur, lorsqu’elles ressentirent tout à coup la secousse d’une grande espérance.

Ils venaient trois, vêtus sans élégance mais très proprement, avec de petits chapeaux ronds bien brossés, et des chaînes d’argent au gilet, trois ! d’un pas ralenti, qui les regardaient beaucoup. Elles, ravies, leur souriaient. Eux, prirent tout de suite une rue qui montait vers la Faculté. C’étaient trois bûcheurs se rendant au cours, avec leur Code et leurs cahiers de notes. Ils ne marchaient pourtant point trop vite, retournant à chaque instant la tête. Elles alors, s’étant consultées, quittèrent le Mail pour les suivre. Mais les bûcheurs doublant le pas prirent la première rue à droite. Elles prirent la première à droite. Eux, effarouchés, se mirent à courir, se jetèrent dans une ruelle, disparurent. Elles s’engagèrent dans la ruelle, qui se subdivisait, et l’embranchement choisi ne les conduisit qu’à une impasse, au fond de laquelle l’herbe poussait comme dans un pré. Là, au moins, Camélia profitant de la solitude de l’endroit pour satisfaire un petit besoin, les deux autres, par précaution, l’imitèrent. Mais en face, tout à coup, à une lucarne, parut une vieille mégère : « — Malpropres ! malpropres ! » Et l’on vidait sur leur tête des eaux sales ! Elles avaient fui bien loin. Et, maintenant, voici qu’elles