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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

quelque part, là-bas, derrière l’horizon, très loin. Paris ! la magique ville, aussi attirante pour la femme mal mariée que pour le collégien de troisième cachant Balzac dans son pupitre et rêvant la carrière littéraire ! Paris !… Toujours cramponnée à la grille comme aux barreaux d’une fenêtre de prison, Hélène cherchait je ne sais quoi, d’un regard fixe :

— Venez-vous ? implorai-je timidement.

— Non ! laissez-moi… je vois quelque chose.

J’eus beau écarquiller les yeux, je ne vis d’abord rien. Puis, cependant, sur la route, un imperceptible nuage de poussière. Le nuage grossissait et se rapprochait, très vite, avec le bruit d’un galop de cheval. Bientôt le cavalier fut devant nous. Je reconnus M. de Vandeuilles.

À dix pas de nous, le jeune comte avait arrêté sa monture. Il roulait lentement une cigarette, paraissant concentrer toute son attention à la bien faire, et ne pas nous voir. Alors, Hélène se recula précipitamment de la grille.

— Venez… Rentrons.

Et quand nous passâmes sur la terrasse, où Moreau, dans son fauteuil, le journal à ses pieds, ronflait maintenant comme un tuyau d’orgue, elle me toucha nerveusement l’épaule :

— Chut ! ne le réveillez pas.