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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

chose à son père « avec ménagement ». Elle termine par une phrase ironique : « C’est un service pénible, qui vous sera peut-être plus pénible à vous qu’à tout autre, mais je ne puis le demander qu’à vous. » Et elle signe.

Il y a un post-scriptum :

« P. S. — Si mes mots sont un peu tremblés, cela tient uniquement aux cahots du rapide qui m’emporte. Mais mon cœur, lui, ne tremble pas. — J’aime pour la première fois de ma vie. »

Le tout, jeté à la boîte de Dijon.

— Dijon !… Dix minutes d’arrêt ! Buffet !…


Une nuit d’insomnie, le même été.

J’étouffais dans mon lit, ne pouvant ni lire, ni m’endormir. Me voici à mon bureau, à moitié nu, en bras de chemise. La fenêtre est ouverte. Dans la glace bleuie de la bibliothèque, j’aperçois une corne du croissant mince de la lune. J’étouffe encore.

Hélène est dans les bras d’un autre…

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il y a bien longtemps de cela. La voiture de ma grand’mère était venue m’attendre à la gare, Du marchepied de la guimbarde, je ne fais qu’un saut dans le vestibule. Tom, l’imposant chien de garde, aussi haut qu’un petit âne, agite silencieusement la queue, daigne se déranger, et me souhaite le bonjour. À une