cette feuille de papier, là, dans mon cabinet, sur le bureau… Lis !
La feuille de papier contenait une liste supplémentaire, une vingtaine de noms de personnes notables, que, d’après Moreau, j’avais eu la légèreté impardonnable d’oublier : le sous-greffier de la cour, les deux bibliothécaires de la ville, les officiers supérieurs du régiment en garnison, etc. Il fallait toujours que ce fût lui, Moreau, qui s’occupât de tout, lui-même ! Pour suffire ainsi aux détails les plus divers, mon Dieu ! il fallait avoir une de ces têtes… ! Et, ne parvenant pas à faire le nœud de sa cravate blanche, Moreau sonna. Le domestique l’aida aussi à passer son habit. Puis, une fois prêt, satisfait sans doute du coup d’œil jeté dans l’armoire à glace, où « M. le président » se vit des pieds à la tête, Moreau vint vers moi.
— Maintenant, mon cher, à ta disposition !… Viens, passons dans mon cabinet… Nous avons un bon quart d’heure à perdre…
Assis dans son imposant fauteuil Louis XIII, il employa ce quart d’heure à se faire les ongles avec des petits ciseaux et à me sonder sur les dispositions à prendre « pour ne pas nous trouver au dépourvu lorsque, dans deux ans et demi, le premier président atteindrait la limite d’âge… » Lui ! Moreau ! premier président dans deux ans et demi ! Eh ! pourquoi pas ?… Tout en répondant mollement à ses questions intéressées sur l’état de mes relations au