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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

actives, remuantes, ne le prenaient pas au sérieux, blessé à la longue dans ses amitiés par mille petites piqûres d’épingles, M. Fraque s’était avoué à lui-même que, trop fier pour se résigner aux seconds rôles sur un théâtre trop vaste, il valait mieux retourner en province, où il tiendrait aisément les premiers.

Et, un beau matin de septembre 1829, toutes les fenêtres de l’hôtel de Beaumont, grandes ouvertes, laissaient joyeusement entrer le soleil, s’évaporer l’odeur du moisi et du renfermé. Vers midi, le vieux concierge, debout depuis longtemps sur le seuil, enleva tout à coup sa casquette. Son jeune maître n’était plus qu’à trente pas de la maison paternelle. Hector monta droit à la chambre où étaient morts son père et sa mère, chambre qui allait maintenant devenir la sienne, regarda un moment deux portraits à l’huile dont l’humidité avait altéré les tons, se lava le visage et les mains, secoua la poussière du voyage. Quelques minutes après, dans le jardin, les feuilles mortes des gros marronniers criaient sous les pas du voyageur. Il se fit apporter à dîner du restaurant. Le lendemain, il ne sortit pas, regretta un peu Paris, arrêta un valet de chambre et une cuisinière. Le surlendemain, un dimanche, à la messe de midi de l’église Saint-Jean, tout le beau monde de Noirfond se retournait : M. Fraque, rasé de frais et tout sémillant, était près de la porte, devant le bénitier. À la sortie, chacun, en défilant près de lui, le saluait. De vieux conseillers