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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

Redevenue grave, elle fit une profonde révérence d’adieu :

— Je prierai toute ma vie pour votre bonheur.

Et elle se retira dans sa chambre. Hector, stupéfait, contrarié, et pris pourtant d’une folle démangeaison de rire, ne partit pas tout de suite. Sa première idée fut d’attendre le retour du marquis, pour lui dire tout ce qu’il n’avait pas eu la présence d’esprit de répondre à Zoé. La lampe fumait, il la baissa. Il souffla un bon moment le feu. Puis il alla au piano jouer Malborough s’en va-t’en guerre avec un seul doigt. Enfin, il perdit patience et partit en fermant violemment les portes.

Zoé, sans feu dans sa chambre, revint bien vite, et elle s’installa dans le fauteuil que venait de quitter M. Fraque. Elle mit une dernière bûche dans la cheminée, se chauffa longtemps les mains, — en regardant la flamme claire. Et elle finit par s’endormir. Le marquis rentra vers deux heures, de méchante humeur, faisant aussi battre les portes, complètement décavé. Zoé, les yeux gros encore, raconta lentement à son père la façon dont elle avait cru devoir congédier Hector.

Le marquis, accablé, se laissa tomber dans un fauteuil. Au lieu de répondre, il se passait la main sur le front. Il suait. Puis il s’emporta contre leur misère. Leur argenterie était au Mont-de-Piété depuis le commencement du mois. Il allait être en retard de deux ans d’intérêts avec ses gros créanciers. Cela se