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LE COLLAGE

une cargaison de folles, et elles avaient un monsieur. Alors, je sonnai. Comme mon concierge devait dormir profondément ! Je sonnai encore. Rien. Au bout d’un grand moment, presque heureux de ce hasard, j’allais m’éloigner sans bruit : on tira tout à coup le cordon.

Mes cinq étages gravis, ma porte ouverte, j’ai frotté une allumette, et, avant même de chercher mon bougeoir, j’ai regardé s’il n’y aurait pas de lettre glissée sous la porte. Je n’en attendais pas, d’ailleurs ; mais, une lettre, c’est encore une émotion : un peu d’inconnu que l’on flaire à travers l’enveloppe et que l’on soupèse un moment entre les doigts, avant d’oser faire sauter le cachet. Eh bien, non ! pas même une lettre ! Et je me suis définitivement trouvé face à face avec moi-même, seul.

Voilà mon mal. Je le connais maintenant : la solitude. Germondy, lui, à cette heure est couché bien chaudement à côté de son camarade féminin ; moi, je n’ai pas de camarade. Et cette pièce, où il y a eu du feu tout le jour, me semble glacée. Mon appartement de garçon, quoique gentiment meublé, me paraît vide. J’ai le frisson, rien qu’à l’idée de me retirer tout à l’heure dans la chambre. Tombant de fatigue et de sommeil, je préfère griffonner je ne sais quoi sur ce papier, plutôt que d’aller me mettre au lit.

« Faire une fin », pourtant ! Me marier ! Exa-