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MADAME MEURIOT

Mais était-ce tout ce qu’il lui avait rapporté, en sortant de sa compagnie d’assurances ?

― Voyons ! fouille-toi…

Alors, son gibus en mérinos toujours sur la tête et sans lâcher sa serviette, M. Honorat retira beaucoup de choses des poches de son pardessus.

― Voilà d’abord un compatriote, dit-il avec respect… Il est d’Arles comme moi !

C’était un saucisson. Il se flattait d’avoir découvert un endroit, le seul de Paris, où l’on vendit du véritable, « du saucisson d’âne ». Puis, ce furent les pantoufles de madame Honorat, ressemelées, des mèches pour les grandes lampes du salon, d’autres objets de ménage encore, enfin six beaux jeux de cartes à coins dorés, comme neuves. Un garçon de son bureau les lui avait vendus trois francs les six.

― C’est avec ça que l’on va gagner des fiches, ce soir ! dit-il à madame Camoin.

Elle non plus, il ne l’avait pas oubliée.

― Tenez, vos mitaines ! exactement semblables à celles de mon épouse. C’est trente sous.

Et, comme sa belle-sœur fit le geste de prendre son porte-monnaie :

― Ça ne presse pas… Non ! plus tard, avec l’argent du bezigue…

Et il appela :

― Rosalie !… Rosalie !…

La bonne parut.

―J’ai pensé à votre boucle d’oreille… Mais la boucle d’oreille n’était pas facile à découvrir. M. Honorat fouillait dans sa redingote, dans son gilet. Il retourna ses poches rien ; rien. Le bijoutier la lui avait pourtant rendue, dans un papier bleu.