et distrait, et de dire des choses peu importantes.
Cependant il n’existe entre eux aucune inimitié ; ils ne se sont jamais vus, et se tiennent réciproquement pour fort honnêtes. Pourquoi mettent-ils donc tant de soin à s’éviter ?
Il faut retourner en Angleterre pour le comprendre.
Lorsque c’est la naissance seule, indépendamment de la richesse, qui classe les hommes, chacun sait précisément le point qu’il occupe dans l’échelle sociale ; il ne cherche pas à monter, et ne craint pas de descendre. Dans une société ainsi organisée, les hommes des différentes castes communiquent peu les uns avec les autres ; mais, lorsque le hasard les met en contact, ils s’abordent volontiers, sans espérer ni redouter de se confondre. Leurs rapports ne sont pas basés sur l’égalité ; mais ils ne sont pas contraints.
Quand à l’aristocratie de naissance succède l’aristocratie d’argent, il n’en est plus de même.
Les privilèges de quelques-uns sont encore très-grands, mais la possibilité de les acquérir est ouverte à tous ; d’où il suit que ceux qui les possèdent sont préoccupés sans cesse par la crainte de les perdre ou de les voir partager : et ceux qui ne les ont pas encore veulent à tout prix les posséder, ou, s’ils ne peuvent y réussir, le paraître ; ce qui n’est point impossible. Comme la valeur so-