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LIVRE III
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CHAPITRE PREMIER


comment, vers le milieu du dix-huitième siècle, les hommes de lettres devinrent les principaux hommes politiques du pays, et des effets qui en résultèrent.


Je perds maintenant de vue les faits anciens et généraux qui ont préparé la grande révolution que je veux peindre. J’arrive aux faits particuliers et plus récents qui ont achevé de déterminer sa place, sa naissance et son caractère.

La France était depuis longtemps, parmi toutes les nations de l’Europe, la plus littéraire ; néanmoins les gens de lettres n’y avaient jamais montré l’esprit qu’ils y firent voir vers le milieu du dix-huitième siècle, ni occupé la place qu’ils y prirent alors. Cela ne s’était jamais vu parmi nous, ni, je pense, nulle part ailleurs.

Ils n’étaient point mêlés journellement aux affaires,