nêteté et du républicanisme de Vieillard, se faisant toujours précéder par celui-ci, comme le mineur pousse devant soi son gabion.
Havin eut à peine l’air de me reconnaître ; il ne m’invita point à prendre place dans le cortège. Je me retirai modestement au sein de la foule et, arrivé à la salle du banquet, je m’assis à une table secondaire. On en vint bientôt aux discours : Vieillard fit un discours écrit fort convenable, Havin fit un autre discours écrit qui fut assez goûté ; j’avais grande envie de parler aussi, mais je n’étais pas inscrit, et, d’ailleurs, je ne savais trop comment entrer en matière. Un mot que dit un orateur (car tous ces parleurs s’appelaient des orateurs) sur la mémoire du colonel Briqueville, me donna mon entrée. Je demandai la parole, l’assemblée voulut m’entendre. En me trouvant perché sur le haut de cette tribune, ou plutôt de cette chaire qui dominait de vingt pieds la foule, je me sentis un peu interdit, mais je me remis bientôt, et fis un petit pathos oratoire qu’il me serait impossible de me rappeler aujourd’hui. Je sais seulement qu’il s’y rencontrait un certain à-propos et la chaleur, qui ne manque guère de se faire jour au travers du désordre de l’improvisation, mérite très suffisant pour réussir devant une assemblée populaire et même devant toute sorte d’assemblées, car on ne saurait trop le redire, les dis-