Page:Alexis de Tocqueville - Souvenirs, Calmann Levy 1893.djvu/213

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rempli de figures destinées à représenter toutes sortes de personnages, de vertus ou d’institutions politiques et même de services publics. La France, l’Allemagne et l’Italie se donnant la main, l’Égalité, la Liberté, la Fraternité se donnant aussi la main, l’Agriculture, le Commerce, l’Armée, la Marine et surtout la République, celle-ci de grandeur colossale. Un char devait y être traîné par seize chevaux de labour ; ce char, disait le même programme, de forme simple et rustique, portera trois arbres, un chêne, un laurier, un olivier, symboles de force, d’honneur et d’abondance et, de plus, une charrue au milieu d’un groupe d’épis et de fleurs. Des laboureurs et des jeunes filles vêtues de blanc entoureraient le char en chantant des hymnes patriotiques. On nous avait aussi promis des bœufs avec des cornes dorées mais on ne nous les donna pas.

L’Assemblée nationale n’avait pas la moindre envie de voir toutes ces belles choses ; elle craignait même fort que l’immense concours de peuple qui ne pouvait manquer de se faire à cette occasion n’amenât quelque dangereux désordre.

Elle avait donc retardé le plus possible l’époque de la fête ; mais, les préparatifs en étant faits, il n’y avait plus moyen de reculer et on dut la fixer au 21 mai.

Ce jour-là, je me joignis de bonne heure à l’As-