était douteux que Louis XIV s’en fût jamais servi après avoir accepté la succession d’Espagne. Je crois, du reste, que Louis-Philippe se trompait, et, pour emprunter son langage, les mariages espagnols ont fort contribué à faire verser son fiacre.
Au bout de trois quarts d’heure, le roi se leva, me remercia du plaisir que notre conversation lui avait procuré (je n’avais pas dit quatre mots) et me congédia, enchanté évidemment de moi comme on l’est d’ordinaire de tout homme devant lequel on croit avoir bien parlé. Ce fut la dernière fois qu’il m’entretint.
Ce prince improvisait réellement les réponses qu’il faisait, même dans les moments les plus critiques, aux grands corps de l’État ; il avait dans ces circonstances la même faconde que dans sa conversation, mais moins de bonheur et de traits. En pareil cas, il devenait souvent obscur, parce qu’il se lançait, hardiment et, pour ainsi dire tête baissée, dans de longues phrases dont il n’avait pu d’avance mesurer l’étendue ni apercevoir le bout, et dont il sortait enfin de force par une vraie voie de fait, en brisant le sens et en ne terminant pas la pensée.
Dans ce monde politique ainsi composé et ainsi conduit, ce qui manquait le plus, surtout vers la fin, c’était la vie politique elle-même. Elle ne pouvait guère naître ni se soutenir dans le cercle légal que la