toujours prête à tomber sur les États voisins. Tous les cabinets s’émurent.
L’Autriche et surtout la Prusse, qui avaient déjà eu à se plaindre de la Confédération, la Russie même, que cela ne regardait guère, parlaient d’envahir à main armée le territoire helvétique, et d’y venir faire la police au nom de tous les gouvernements menacés. C’est ce que nous ne pouvions souffrir.
J’essayai d’abord de faire entendre raison aux Suisses et de leur persuader de ne point attendre qu’on les menaçât, mais de chasser eux-mêmes de leur territoire, comme le droit des gens les y obligeait, tous les principaux meneurs qui menaçaient ouvertement la tranquillité des peuples voisins. « Si vous allez ainsi au-devant de ce qu’on peut vous demander de juste, répétai-je sans cesse au représentant de la Confédération à Paris, comptez sur la France pour vous défendre contre toutes les prétentions, injustes ou exagérées des cours. Nous risquerons plutôt la guerre que de vous laisser opprimer ou humilier par elles. Mais si vous ne mettez pas la raison pour vous, ne comptez que sur vous-mêmes, et défendez-vous seuls contre toute l’Europe. » Ce langage avait peu d’effet, car rien n’égale l’orgueil et la présomption des Suisses. Il n’y a pas un de ces paysans qui ne croie fermement que son pays est en état de braver tous les princes et tous les peuples