Quant à moi, je ne tardai pas à rejeter de mon esprit, comme des chimères, toute pensée de cette espèce.
Je reconnus bientôt que la Prusse ne pouvait et ne voulait rien nous donner de considérable en retour de nos bons offices ; que son pouvoir sur les autres États germaniques était très précaire et serait éphémère ; qu’on ne devait faire aucun fondement sur son roi qui, au premier obstacle, nous eût manqué en se manquant à lui-même, et surtout que de si grands et si larges desseins ne convenaient pas à une société aussi mal assise, à des temps aussi troublés et aussi périlleux que les nôtres, ni à des pouvoirs passagers, comme celui qui se trouvait par hasard dans mes mains.
Une question plus sérieuse que je me posai fut celle-ci : je la rappelle ici parce qu’elle doit se représenter sans cesse : L’intérêt de la France est-il que le lien de la Confédération germanique se resserre ou se relâche ? En d’autres termes, devons-nous désirer que l’Allemagne devienne à certains égards une seule nation, ou reste une agrégation mal jointe de peuples et de princes désunis ? C’est une ancienne tradition de notre diplomatie qu’il faut tendre à ce que l’Allemagne reste divisée entre un grand nombre de puissances indépendantes ; et cela était évident, en effet, quand derrière l’Allemagne ne se trouvaient encore que la Pologne et une Russie à moitié barbare ; mais en est-il de