Page:Alexis de Tocqueville - Souvenirs, Calmann Levy 1893.djvu/410

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qui prendrait elle-même l’initiative sans y être provoquée ; la nature de ses exigences et la violence de ses procédés nous donneraient lieu de croire qu’elle n’agit point seulement en vue de la paix, mais qu’elle menace l’intégrité du territoire piémontais ou, tout au moins, l’indépendance du gouvernement sarde.

» Nous ne laisserons pas, à nos portes, accomplir de tels desseins. Si, dans ces conditions, le Piémont est attaqué, nous le défendrons. »

Je crus, de plus, devoir faire venir chez moi le représentant de l’Autriche (petit diplomate très semblable au renard par la mine et aussi par le naturel), et, persuadé que dans le parti que nous prenions l’emportement était prudence, je profitai de ce que les habitudes de la réserve diplomatique devaient m’être encore peu familières pour lui exprimer notre surprise et notre mécontentement en termes si rudes qu’il m’avoua depuis que jamais il n’avait été si mal reçu de sa vie.

Avant que la dépêche dont je viens de citer quelques mots fût parvenue à Turin, l’accord entre les deux puissances avait eu lieu. On s’était entendu sur la question d’argent, qui fut réglée à peu près dans les termes qui avaient été indiqués antérieurement par nous.

Le gouvernement autrichien n’avait voulu que pré-