Russie la sienne sur le traité de Kaïnardji (10 juillet 1774), dont le sens était au moins fort obscur. Mais au fond ce n’était pas à un droit international qu’on en appelait, mais à un droit mieux connu et plus pratiqué, celui du plus fort. Il y parut bien par les actes et le langage. Les deux ambassades firent entendre, dès le premier jour, qu’il s’agissait d’une question de paix ou de guerre. Sans consentir à discuter, ils exigeaient une réponse par oui ou par non, déclarant que si cette réponse était négative, ils cesseraient aussitôt toute relation diplomatique avec la Turquie.
À ces violences les ministres turcs répondaient avec douceur que la Turquie était un pays neutre ; que le droit des gens leur défendait de livrer les proscrits qui s’étaient réfugiés sur leur territoire ; que souvent les Autrichiens et les Russes leur avaient opposé le même droit lorsque des Musulmans rebelles étaient venus chercher un asile en Hongrie, en Transylvanie et en Bessarabie. Ils représentaient modestement que ce qui était permis sur la rive gauche du Danube, semblait devoir l’être sur la rive droite. Ils assuraient enfin que ce qu’on leur demandait, était contraire à leur honneur et à leur religion, qu’ils se chargeraient volontiers d’interner les réfugiés et de les mettre dans des lieux où ils ne pourraient nuire, mais qu’ils ne pouvaient consentir à les livrer au bourreau.