plissement de nos desseins, était de nature à lui nuire. Si la Russie, car c’était d’elle seule au fond qu’il s’agissait, voulait par hasard ouvrir la question du partage de l’Orient par l’envahissement de la Turquie, ce que j’avais peine à croire, l’envoi de nos flottes n’empêcherait pas cette crise : et s’il ne s’agissait réellement, comme cela était vraisemblable, que de se venger des Polonais, il l’aggravait, en rendant la retraite du tsar difficile et en mettant sa vanité au secours de son ressentiment. J’allai dans ces dispositions au Conseil. Je m’aperçus sur-le-champ que le président était déjà décidé et même engagé, comme il nous le déclara lui-même. Cette résolution lui avait été inspirée par l’ambassadeur anglais, lord Normanby, diplomate à la manière du xviiie siècle, lequel s’était fort établi dans les bonnes grâces de Louis Napoléon… La plupart de mes collègues pensèrent comme lui, qu’il fallait entrer sans hésitations dans l’action commune à laquelle nous conviaient les Anglais, et envoyer comme eux notre flotte aux Dardanelles.
N’ayant pu faire ajourner une mesure que je trouvais prématurée, je demandai du moins qu’avant de l’exécuter on consultât Falloux que l’état de sa santé avait forcé de quitter momentanément Paris et de se retirer à la campagne. Lanjuinais se rendit à cet effet près de lui, lui exposa l’affaire, et revint nous exposer