résolutions que celle de nous rendre à la Chambre dès l’ouverture.
M. Dufaure n’y vint pas et je n’ai jamais su en détail pourquoi. Ce ne fut pas assurément par faiblesse ; car je le vis depuis très calme et très simplement ferme dans des circonstances bien plus périlleuses. Je crois qu’alarmé pour sa famille, il voulut d’abord aller mettre celle-ci en sûreté hors de Paris. Ses vertus privées et ses vertus publiques, car il avait des unes et des autres et de fort grandes, ne marchaient point du même pas, les premières précédaient toujours les secondes ; nous les verrons plus d’une fois prendre la même allure. Je ne saurais, du reste, lui en faire un grand crime. Les vertus de toute nature sont assez rares pour qu’il ne faille pas chagriner ceux qui les possèdent sur leur espèce et sur leur rang.
Le temps que nous avions passé chez M. Dufaure avait suffi aux émeutiers pour élever un grand nombre de barricades le long du chemin que nous venions de parcourir ; on y mettait la dernière main lorsque nous repassâmes. Ces barricades étaient construites avec art par un petit nombre d’hommes, qui travaillaient très diligemment, non comme des coupables pressés par la crainte d’être pris en flagrant délit, mais comme de bons ouvriers qui veulent expédier vite et bien leur besogne. Le public les regardait placidement, sans